Ils sont arrivés un matin par dizaines par centaines Sur des monstres de bois aux entrailles de chaînes Sans bonjours ni questions, pas même de présentations Ils se sont installés et sont devenus les patrons Puis se sont transformés en véritables sauvages Jusqu'à les humilier au plus profond de leur âme Enfants battus, vieillards tués, mutilés Femmes salies, insultées et déshonorées Impuissants, les hommes enchaînés subissaient Les douloureuses lamentations de leur peuple opprimé Mais chacun d'entre eux en lui-même se doutait Qu'il partait pour un voyage dont il ne rentrerait jamais Qu'il finirait dans un port pour y être vendu Il pleurait déjà son pays perdu Traité en inférieur à cause d'une différence de couleur Chaque jour nouveau était annonciateur de malheur Au fond des cales où on les entassait Dans leurs esprits les images défilaient Larmes au goût salé, larmes ensanglantées Dans leurs esprits, longtemps retentissaient Les champs de la partie de leur être qu'on leur a arrachée Mais sans jamais tuer l'espoir qui les nourrissait Qu'un jour, il retrouveraient ces rivages féeriques D'où s'élèvent à jamais les tam tam de l'Afrique Les tam tam de l'Afrique, les tam tam de l'Afrique Perchés sur une estrade, groupés comme du bétail Jetés de droite à gauche tels des fétus de paille Ils leur ont inculqué que leur couleur était un crime Ils leur ont tout volé, jusqu'à leurs secrets les plus intimes Pillé leur culture, brûlé leurs racines De l'Afrique du Sud, jusqu'aux rives du Nil Et à présent pavoisent les usurpateurs Ceux qui ont un bloc de granite à la place du cœur Ils se moquaient des pleurs et semaient la terreur Au sein d'un monde qui avait faim, froid et peur Et qui rêvait de courir dans les plaines paisibles Où gambadaient parfois les gazelles magnifiques Ah, yeh, qu'elle était belle la terre qu'ils chérissaient Où, à portée de leurs mains poussaient de beaux fruits frais Qui s'offraient aux bras dorés du soleil Lui qui inondait le pays de ses étincelles Et en fermant les yeux à chaque coup reçu Une voix leur disait que rien n'était perdu Alors ils revoyaient ces paysages idylliques Où résonnaient encore les tam tam de l'Afrique Les tam tam de l'Afrique, les tam tam de l'Afrique Jazzy, rappelle leur, my brother Qu'ils gardent une parcelle de leur cœur Et que le sang qui a été versé Ne l'a été que pour qu'ils puissent exister Les enfants qui naissaient avaient leur destin tracé Ils travailleraient dans les champs jusqu'à leur dernière journée Pour eux, pas de, "4 heures", encore moins de récré Leurs compagnons de chaque jour étaient la chaleur et le fouet Sur leur passage, on les fuyait comme le malin En ces temps-là, il y avait l'homme noir et l'être humain Décrété supérieur de part sa blanche couleur En oubliant tout simplement son malheur antérieur Il assouvissait son instinct dominateur En s'abreuvant de lamentations, de cris, de tristes clameurs Qui hantaient les forêts longtemps après son passage Et l'esprit de ceux qui finissaient esclaves De génération en génération, crimes et destructions Le peuple noir a dû subir les pires abominations Et le tempo libère mon imagination Me rappelle que ma musique est née dans un champ de coton Mais non, je ne suis pas raciste par mes opinions Non pas de la critique mais une narration Je raconte simplement ces contrées fantastiques Et je garde dans mon cœur les tam tam de l'Afrique