J'ai connu Émilie aux premières jonquilles. Elle était si jolie des jonquilles aux derniers lilas. Dans la ferme endormie, chaque fois que j'allais la voir, Son père avec un fusil m'attendait derrière l'abreuvoir. Il me chassa aux premières jonquilles, Me fusilla des jonquilles aux derniers lilas. Un jour, dans la grange aux loups, aux premières jonquilles, Elle sauta sur mes genoux des jonquilles aux derniers lilas. Une fourche me piqua, je me relevai en hurlant. J'eus beau fuir à travers bois, son père me jeta dans l'étang. Il me piqua aux premières jonquilles Et me fourcha des jonquilles aux derniers lilas. Dans le grenier, sur le foin, aux premières jonquilles, Pris sa fille et bus son vin des jonquilles aux derniers lilas. Son père, voyant le tableau, me fit connaître un peu plus tard Les grenouilles et les crapauds au fond de la mare aux canards. Il m'injuria aux premières jonquilles Et me noya des jonquilles aux derniers lilas. J'ai connu le sel et le plomb aux premières jonquilles. J'ai connu l'auge à cochon des jonquilles aux derniers lilas. J'ai laissé mes amours là, mille fois j'ai frôlé la mort. Est-il encore derrière moi ? Que m'importe ? Je cours encore. Je vais, je vas aux premières jonquilles Du pré au bois des jonquilles aux derniers lilas. La la la-la-la la la la...