Quand Descend Le Soir, Je vais seul m'asseoir Sur le banc de bois Mais tu n'es pas là... J'entends les pigeons Qui roucoul'nt en rond, J'entends les enfants Qui s'amusent à la guerre, aux éléphants, gaiement. Je vois, tour à tour, Les amants d'amour Echanger entre eux Des baisers voluptueux. J'entends la chanson d'l'automne Dans les arbres qui frissonnent. Quand Descend Le Soir, Que je vais m'asseoir Sur le banc de bois Mais tu n'es pas là. Je vois un' statue. Cet homm' de vertu N'a pas évitéLa postérité. Ses cheveux trop longs Tombent sur son veston. Son sourire figéConvient mal à son air un peu trop négligé. Destin des statues D'être là, têtues, Au fond des allées, Tristement, pour nous rapp'ler L'inventeur d'la pomm' de terre Ou celui du paratonnerre. Quand Descend Le Soir, Que je vais m'asseoir Sur le banc de bois Mais tu n'es pas là... Le soleil s'éteint. Jusqu'à d'main matin Ses reflets, dans l'eau Sont ceux des vélos. Les cinés s'allument Et, déjà, la brume Enveloppe les toits, Enveloppe les bois et tout' la ville se noie Dans un flot d'passants Au rythme incessant. C'est l'instant joyeux, C'est l'instant d'un mond' merveilleux, C'est la foire des Invalides. Aux p'tit's autos, je m'décide, Quand Descend Le Soir, Que je vais m'asseoir Sur le banc de hois Mais tu n'es pas là...