1. Un jour le diable fit une java
 Qu'avait tout l'air d'une mazurka
 Valse à trois temps, il n'savait pas
 Ce qu'il venait d'composer là
 Aussitôt la terre entière
 Par cet air fut enchantée
 Des dancings aux cimetières
 Tout l'monde la chantait
 On la dansait à petits pas
 Et bien souvent aux heures des r'pas
 Le Diable venait sur sa java
 Frapper du pied dans les estomacs

 2. Des p'tits malheurs vite commencèrent
 Car ce refrain de Lucifer
 Planait partout, tout d'suite appris
 Circonvenant bien les esprits
 Vers la fin du mois d'décembre
 Un député pris de court
 A la tribune de la Chambre
 Dit dans son discours :
 "Un, deux, trois, quatre,
 Un, deux, trois, quatre,
 C'est mon programme est-ce qui'il vous plaît?"
 A coup d'fusil on dut l'abattre
 Il expira au deuxième couplet

 3. La salle Pleyel n'écoutait plus
 Des grands concerts un seul lui plut
 Celui où l'chef d'orchestre mêla
 Sébastien Bach et la java
 Ronde folle, ronde folle
 Brusquement un grand acteur
 Au beau milieu de son rôle
 Trahit son auteur...
 "Un, deux, trois, quatre,
 Un, deux, trois, quatre"
 Ah quelle pagaille dans le théâtre
 Les spectateurs montèrent sur scène
 L'œil en fureur et le geste obscène

 4. Au-d'là des mers ce fut bien pire
 Le mal gagna c'est trop affreux
 Il lui fallait pour son empire
 Jusqu'au pôle Nord et la Terre de Feu
 Mais le plus terrible ravage
 Fut dans l'monde des banquiers
 Où la grande java sauvage
 Fit des victimes par milliers
 "Un, deux, trois, quatre
 Un, deux, trois, quatre"
 Hurlaient New York et Chicago
 L'or se vendit au prix du plâtre
 Et le cigare au prix du mégot

 Puis un jour tout d'vint tranquille
 On n'entendit plus d'java
 Dans les champs et dans les villes
 Savez-vous pourquoi?

 {Coda:}
 Parce que le Diable s'aperçut
 Qu'il n'touchait pas de droits d'auteur
 Tout ça c'était d'l'argent d'foutu
 Puisqu'il n'était même pas éditeur
 Tout ça c'était d'l'argent d'foutu
 Puisqu'il n'était même pas éditeur

 {Parlé:}
 Allez, remportons notre musique
 Et retournons en enfer.