Il regarde le ciel immobile Et se demande où sont les villes Et l'été naguère invincible Qui n'est pas revenu de l'Ouest Il regarde la mer impavide Qui d'un coup d'un seul se débride Puis boit la gourde à moitié vide Le ciel et l'eau se font des tresses Il s'empare d'une lame visible Puis solennellement désigne Le port où s'alignent les grues Là où jadis il a vécu Une forme de bonheur indicible Avec sa femme son chien Ses filles Il se dit je suis encore chaud J'aime bien mourir Ma non troppo Puis au cas où Je dis bien au cas où Il y aurait rien là-haut Pourrais-je emmener mon bateau ? Puis au cas où Je dis bien au cas où Il y aurait rien là-haut Pourrais-je emmener les potos ? Il regarde la route de l'exil Et se demande où vont les îles Et les grands oiseaux indociles En forme de signaux de détresse Il rêve des berges du Tibre ou du Nil Humant la fumée d'une Dunhill Il reste au loin quelques collines Allongées dans la brume épaisse Avant ici il y avait des chenils Des grands bourgeois d'une grande ville Le confluent le pauvre est nu Et le jardin montre son cul Le déclin était prévisible L'humanité si peu sensible Mais tant qu'il y aura des bistrots Je veux bien mourir ma non troppo Puis au cas où Je dis bien au cas où Il y aurait rien là-haut Pourrais-je emmener mon bateau ? Puis au cas où Je dis bien au cas où Il y aurait rien là-haut Pourrais-je emmener les potos ?