Dans la folie recluse Où j'étais enfermée, Ma mémoire en intruse Vient de se réveiller. Dans ma vie sans soleil, Ma mémoire appareille Vers un passé soleil, Sur fond rouge vermeil. Ma mémoire me diffuse Des images confuses Et je m'en éblouis Et je les reconstruis. Ma mémoire me balance Le mal de votre absence, Ce souvenir d'enfer Me brûle à cœur ouvert. Mémoire D'un autre temps, D'une autre vie, Tu me reviens. Dans l'eau du paysage, Se mirent vos visages. Mémoire Des aubes pâles, Des matins pâles, Tu me fais mal Mais tu ramènes doucement Ma vie recommencée. Ô mémoire Au bout de mes doigts, J'entends et je vois L'image d'un paysage dévasté. Comment ai-je pu quitter Ce que j'ai tant aimé ? Ô mémoire, Tu me reviens. Tout me revient. Ecrire mes mémoires Avec de l'encre noire Sur un papier lilas Que je n'enverrai pas, Parler des jours de gloire, Des soirs de désespoir Et boire ma vie Jusqu'à l'oubli. Mémoire D'un autre temps, D'une autre vie, Tu me reviens. Dans l'eau du paysage, se mirent des visages. Mémoire Des aubes pâles, Des matins pâles, Tu me fait mal Quand tu ramènes vers moi Ceux qui ne sont plus là. Dans ma vie de recluse Je me revois parfois, Sur la scène de l'Ecluse, Faisant mes premiers pas. Dans mes nuits sans sommeil, Ma mémoire appareille Sur un passé soleil Au fond rouge vermeil. Ma mémoire me diffuse Des images confuses, Et des visages, vos visages, Vos visages, mirages. Mémoire D'un autre temps, D'une autre vie, Tu me reviens. Au bout de mes doigts, C'est vous que je vois. Mirages, Oh, ne partez-pas, ne craignez rien. Je suis restée l'étrangère Que vous aimiez naguère. Ce fut un long détour Avant que revienne. J'ai bouclé mon parcours. J'ai traversé la Seine. Ce fut un long détour Mais chanter me ramène A deux pas de l'Ecluse, A deux pas de la Seine Où chante ma mémoire, Ô mémoire...