Madame Arthur est une femme
 Qui fit parler, parler, parler, parler d'elle longtemps,
 Sans journaux, sans rien, sans réclame
 Elle eut une foule d'amants,
 Chacun voulait être aimé d'elle,
 Chacun la courtisait, pourquoi ?
 C'est que sans être vraiment belle,
 Elle avait un je ne sais quoi !
 Madame Arthur est une femme
 Qui fit parler, parler, parler, parler d'elle longtemps,
 Sans journaux, sans rien, sans réclame
 Elle eut une foule d'amants,
 Madame Arthur est une femme
 Qui fit parler d'elle longtemps.

 Sa taille était fort ordinaire,
 Ses yeux petits mais sémillants,
 Son nez retroussé, sa voix claire,
 Ses pieds cambrés et frétillants
 Bref, en regardant sa figure,
 Rien ne vous mettait en émoi ;
 Mais par derrière sa tournure
 Promettait un je ne sais quoi !

 Ses amants lui restaient fidèles,
 C'est elle qui les renvoyait
 Elle aimait les ardeurs nouvelles,
 Un vieil amour lui déplaisait
 Et chacun, le chagrin dans l'âme,
 De son cœur n'ayant plus l'emploi,
 Disait : hélas ! une autre femme
 N'aura pas son je ne sais quoi !
 Il fallait la voir à la danse ;
 Son entrain était sans égal
 Par ses mouvements, sa prestance,
 Elle était la Reine du bal
 Au cavalier lui faisant face
 Son pied touchait le nez, ma foi,
 Chacun applaudissait sa grâce
 Et surtout son je ne sais quoi !

 De quoi donc vivait cette dame ?
 Montrant un grand train de maison,
 Courant au vaudeville, au drame,
 Rien qu'à l'avant-scène dit-on
 Elle voyait pour l'ordinaire
 Venir son terme sans effroi,
 Car alors son propriétaire
 Admirait son je ne sais quoi !

 Oh ! femme qui cherchez à faire
 Des conquêtes matin et soir,
 En vain vous passez pour vous plaire
 Des heures à votre miroir,
 Elégance, grâce mutine,
 Regard, soupir de bon aloi,
 Velours, parfums et crinoline,
 Rien ne vaut un je ne sais quoi !